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Monday, September 7, 2015

TUKTOYATUK, TNO (235 FRANÇAIS -- 236 ang)


TUKTOYAKTUK, TNO (235  Français)



  Le 1er juin 1995, on partait enfin pour notre voyage au Yukon et en Alaska. Je dis enfin parce que ça faisait longtemps que mon mari Gilbert parlait de ce voyage mais moi j'étais moins convaincue des conditions de la route. Les précipices, etc.  ça me faisait peur.

Le début et tout le voyage fut très beau. Le 9 juin, on fêtait notre 33 ième anniversaire de mariage à Dawson City. Cette ville méritait pas moins d'une semaine de notre temps. Après on s'enlignait pour Inuvik où nous avons passé deux jours puis c'était la partie que je craignais le plus, le voyage en avion à Tuktoyaktuk, un village d'environ 125 personnes.  C'était le 20 juin et j'avais un peu l'intention de ne pas aller à Tuk. "C'est comme tu veux", dit Gilbert, "à présent qu'on est rendu ici, moi je ne manque pas ma chance. Si l'avion s'écrase, tu pourras retourner à Edmonton avec le motorisé". Nous avions aussi notre petit fils Duncan de 9 ans. Je lui demande "veux-tu aller à Tuk"?  Bien certain qu'il veut y aller.  Alors je me suis dit que s'il y avait un écrasement, on serait tous ensemble.  Le matin, on rencontre Soeur Denise Emond qui nous encourage à y aller.  Elle nous attend à notre retour, et nous raconte que quelques mois avant un avion s'était écrasé et que tous avaient péris. Et bien on est revenu...

   Il y avait un groupe de 6 Américains, qui voyageaient dans une voiture. Ca me donnait l'impression qu'ils faisaient un voyage qui ne leur coûtait pas cher. Parmi eux, il y avait un homme du nom de John Crawford qui parlait presque continuellement. Les cinq autres américains ne pouvaient plus l'endurer, surtout les deux femmes à qui j'avais parlé. Je me dis c'est justement la personne dont j'ai besoin. J'ai dit à John que je connaissais un peu, (l'ayant rencontré deux jours avant) "j'ai terriblement peur des avions, surtout les petits... j'ai  besoin de quelqu'un qui va me parler tout le long du voyage pour me changer les idées, même si je ne réponds pas, continue" ....

Le voyage dure environ une heure et demie. Le copilote tenait un câble en acier assez gros  et tout l'avion brassait... Duncan voyait son grand-père avec ses deux caméras et lui dit "je crois que grand-mère a très peur".

C'est très très rare, que je transpire, mais arrivée à Tuk, je m'aperçois que mon "Gortex" est bien trempé, un peu comme les joueurs de hockey qui patinent beaucoup et qui peuvent perdre jusqu'à dix livres. Je crois pas avoir perdu dix livres  mais....  Là on rentre dans l'aérogare - ce n'est pas grand, environ la taille d'une classe d'une vingtaine élèves. Je m'informe pour savoir si c'est le plus petit aérogare au monde. Le pilote, me dit "Non, mais c'est le plus petit de l'Amérique du Nord.

        L'agent touristique nous dit, "il y a deux guides, un prendra 4 touristes et l'autre 8". Je dis à Gilbert, "prenons celui de 4 personnes". C'est un guide Inuit et c'est ce que je voulais. Quatre personnes ça voyage bien, tout le monde est prêt et on part les premiers....D'abord on va à la mer et si on met les pieds dans l'eau on reçoit un certificat. L'eau n'est pas chaude.... et les petits blocs de glace flottent un peu partout... Je demande au guide quelles sont nos chances de voir un ou des ours blancs. Il me répond que les ours sont partis depuis une dizaines de jours car il fait trop chaud... et nous autres qui gelions !.... Le guide ajoute "mais durant l'hiver dernier on a eu un ours polaire avec nous. il marchait dans la rue principale tous les jours, peut-être 300 mètres, Les autorités faisaient ce qu'il fallait pour qu'il ait beaucoup à manger et les gens faisaient attention". 

On a vu la ligne DEW qui devait servir à détecter tout avion qui traverserait cette ligne pour aller au sud, Canada ou E-U. Une deuxième tour était près de la Baie d'Hudson au Manitoba et une troisième plus à l'Est. C'était la sécurité contre les Russes. Maintenant tout cela est automatique, mais la tour est très en évidence.

 On a vu aussi où  on fait l'élevage des chiens pour les traines de l'automne au printemps. 

On a été voir une Inuite et son atelier de Muk-Luks (bottes en fourrure) et nous en avons acheté. Elle faisait de très beaux Muk-Luks garnis de fourrure de belle qualité

Enfin on est en route pour voir l'église, une belle petite église pouvant contenir environ 20 personnes, très propre et fraichement repeinte. Au dehors à quelques pieds de là, il y a la tombe du Père Robert Lemeur qui s'est dévoué de nombreuses années auprès des Inuits. Il fallait qu'il les aime ses Inuits, pour s'exiler seul à Tuk. Les missionnaires maintenant partis, il aura très peu de gens pour le "visiter" sauf des touristes plus ou moins intéressés.... Le père Lemeur fonda le poste de radio de Tuktoyatuk. Un brise-glace de Dome Petroleum porte son nom. En 1983, deux ans avant sa mort, il reçut l'ordre du Canada.  

   A son décès  les  paroissiens  avait demandé de ramener son corps à Tuk. C'était aussi le désir du Père Lemeur qui voulait "demeurer  avec son monde". Les autorités ont accepté. Le tout est propre et bien arrangé. Mais, on est dans du terrain pierreux. sur le bord de la Baie de Beaufort

        Quand je regardais tout cela, je pensais à Notre Seigneur. Quand il fonda son Église sur les apôtres, il leur a dit "allez, prêchez et évangélisez toutes les nations jusqu'aux quatre coins du monde"....Ici quand on regarde les distances, du côté sud, aucune route avant 150 kilomètres (Inuvik) , du côté de l'est il doit bien y avoir 500 kilomètres de ligne directe mais aucune route. (pour PAULATUK); du côté de l'ouest c'est le delta du McKenzie et au nord, c'est la Baie de Beaufort, partie de l'Océan Arctique.  On se croit très isolé;  ce doit bien être un des quatres coins du globe!....

Mais quand même les Pères Oblats sont venus ici et y sont restés de longues années, même les Soeurs Grises sont venues à Tuktoyaktuk. Ces deux communautés avaient compris le message du Fondateur de toute notre religion.

    J'ajoute un mot (plusieurs) à propos de Paulatuk où le Père Dehurtevent a oeuvré 60 ans sur le bord de la mer avec aucune route d'accès dans aucune direction. Il était le "voisin" et grand ami du P. Lemeur, o.m.i. de Tuk. Tous deux de France, le Père Lemeur, était né à St-Jean de Doigt, diocèse de Quimper FRANCE et le Père Dehurtevent à Mamert, FRANCE.  Quand les prêtres voulaient se confesser, il faisaient cela par téléphone. 
    Le Père Dehurtevent a surement évangélisé, Paulatuk, un village de 300 personnes. Avec eux, il avait construit sur le bord de la mer, une grotte à la Sainte Vierge, la patronne des Oblats de Marie Immaculée. Après 60 ans d'apostolat, il est revenu à St-Albert, AB ayant besoin de soins médicaux. Mais ses gens ne l'avaient pas oublié et ont gardé le contact avec lui. Un soir les médecins inquiets avaient peu d'espoir qu'il passe la nuit. Quand la communauté en prit connaissance, elle se rassembla dans le gymnase de l'école et demeura en prière toute la nuit. Le matin à 7h les paroissiens téléphonent pour avoir des nouvelles du Père Léonce Dehurtevent qui leur dit "vos prières c'est mieux que des pilules".

A Paulatuk, il y a seulement deux téléphones; un pour la police et l'autre pour l'école.

Le Père Dehurtevent a vécu encore quelques jours et est décédé le 6 avril 2002 à l'âge de 91 ans. Trois personnes sont venues par avion (seul moyen de transport) pour les funérailles. Elles avaient devancé le groupe qui devait faire le voyage. Une personne qui a fait un témoignage aux funérailles a dit "nous n'avons jamais vu le Père Dehurtevent autrement que de bonne humeur"  Douze autres personnes avaient leur billet, mais faute de bonne température, le voyage fut annulé.

    Quand les fidèles ont réalisé qui ne pouvaient pas venir, ils se sont rassemblés dans le gymnase scolaire, Ils ont demandé (avec la technologie moderne) d'être connectés par le son pour toutes les funérailles enregistrées aussi à St-Albert sur VCR. De cette façon, ils eurent les funérailles au moment même avec l'enregistrement sonore et  ont pu visionner le tout  par après.

N'est-ce pas là des preuves d'amour pour leur ancien curé?  L'héroïsme des Oblats comme le Père Lemeur et le Père Dehurtevent ont dû dépasser toutes les aspirations de Mgr. de Mazenod, leur fondateur.  

  Je vais ajouter ceci,  pour ceux de mon coin de pays qui ont connu le Père Joseph Forget lui aussi peureux des avions. Il s'était rendu d'Inuvik à Tuktoyatuk par avion, mais la peur de repartir par le même moyen de transport a fait qu'il a attendu 21 jours à Tuk pour faire le voyage en traine-à-chien ce qui prend environ 4 jours au lieu de 1h et demie en avion. 

Nous avons tellement aimé notre voyage que nous y sommes retournés quatre ans plus tard....  

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