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Wednesday, April 29, 2015

BOBILLIER, MARCEL ( 2-2) (119 FRANCAIS -- 120 ang)



MARCEL BOBILLIER - (2-2) (119 FRANÇAIS)

2 EME JOURNEE: CANYON CITY. SHEEP CAMP ET EXCELSIOR


Je me réveille à 5h et essaie de rallumer le feu. Nous dejeunons d'un peu de café et à 6 h ayant plié bagage, nous reprenons la route.

Nous retrouvons le sentier que nous suivions sur une assez longue distance, sentier, parfois marqué sur les arbres ou indiqué par un vieux fourneau, laissé par les chercheurs d'or, par des pièces de métal ou par des planches. Nous le perdons parfois, puis le retrouvons dans les sous-bois couverts de mousse. Il est souvent inondé et nous devons contourner plusieurs pointes en grimpant sur les flancs de la montagne pour redescendre plus loin et traverser de nombreux ruisseaux à gué sur des roches ou sur des arbres tombés en travers. Il serait sans doute bien difficile de traverser certains de ces ruisseaux par les hautes eaux du printemps et de l'été. C'est parait-il, le meilleur temps maintenant pour entreprendre un tel voyage.

Ce qui me surprend toutefois. c'est le nombre de grenouilles qu'on rencontre dans les bois, de grosses grenouilles qui sautent avec nonchalance et que j'écrase souvent sous les pieds. Apparemment ces batraciens sont très acclimatés aux terrains spongieux de la côte.

    Vers 8h après avoir traversé de longues étendues pierrreuses où nous retrouvons ici et là les traces de ceux qui nous précédent, nous atteignons l'embouchure de deux ruisseaux formant la rivière Tainya. C'est là dans les bois, que se trouvait autrefois Canyon City, un village de tentes et d'hôtels, de cabines et d'entrepôts, construit de cabines au fond de la vallée comme étape avant l'ascention vers les hauteurs.

Il ne subsiste rien de cette cité, mais à la vue d'un premier poteau de téléphone, nous sommes sûrs d'avoir atteint cet endroit distant de neuf milles de Dyea.

Le sentier est dès lors bien marqué, un sentier large autrefois et où des chevaux pouvaient tirer des charrettes en été et les chienss des traineaux en hiver. Les vieux ponts à travers les innombrables gorges existent mais ils sont pourris et en ruines. Ce sentier nous conduit très haut à flanc de montagne, tandis qu'au fond de la vallée des eaux roulent dans un bruit étourdissant à travers les roches d'un canyon. Il est très agéable à suivre, il monte et descend. Deux troncs d'arbres couverts de mousse le délimitent de chaque côté sur presque toute sa longueur.

Vers midi, le sentier nous a fait redescendre au niveau de la rivière. Un horizon assez large s'ouvre devant nous. Les flancs de la montagne à notre droite ressemblent à ceux de la rivière Skagway, soit de la roche vive lavée par les eaux descendant en cascade des glaciers situés sur les sommets.

Après avoir traversé l'un de ces torrents, nous perdons le sentier. Nous continuons à travers les bois et les buissons le long du rivage et nous nous arrrêtons sur une barre de sable pour faire un feu et cuire un pot de riz et de raisins.

C'est non loin de là que se trouvait Sheep Camp.  Au temps de la course vers l'or, c'était une cité de tentes et de quelques cabines reliés à Canyon City et au col de la Chitkoot par une ligne téléphonique dont on voit encore, le long de l'ancien sentier, les poteaux et le fil tombé à terre.

Nous rencontrons de nombreuses et grosses traces d'ours en continuant à remonter le cours de ce ruisseau que nous suivons parfois sur les galets.

Un immense champ de glace s'étale devant nos yeux quand nous contournons une pointe. Ses parois abruptes desquelles se détacheront des blocs dans un bruit sourd au cours de la soirée, sont ancrées bien haut sur la crête de la montagne.

Une cascade descend d'un autre glacier invisible. Une crête rocheuse que nous devons contourner nous cache les hauteurs de cette vallée puis fait place aux buissons qui couvrent tous les flancs des montagnes.

Nous suivons ce sentier pendant quelques temps, le perdons, montons sur des rochers élevés où traîne le fil de téléphone et, ayant contourné la pointe rocheuse qui se dressait devant nous depuis quatre heures, nous sortons enfin de cette jungle et remontons le cours du ruisseau sur les rochers.

De cet endroit nous avons notre premières perspective du col de la Chitkoot dont la cime édentée se dresse à deux milles de distance au fond de la vallée.

écrit du père Marcel Bobillier, o.m.i.

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