SAINT-LAURENT-DE-GRANDIN, SK (51 FRANÇAIS)¸
PAROISSE VOISINE DE BATOCHE
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Au début de la colonie, c'est à Saint-Laurent que nos pionniers allaient à la messe dominicale. Parlons un peu de cette mission située à quinze milles de Saint-Louis et où le Père Fourmond résidait.
Dès 1874, le Père André, o.m.i. se mit à organiser et à construire une nouvelle mission. Le nouveau site était un plateau sablonneux et sauvage bordé au nord par un profond ravin aux flancs escarpés, témoin d'innombrables hécatombes de buffalos, il était bordé à l'est par la Rivière Saskatchewan du Sud, tantôt silencieuse et sereine, tantôt courroucée et bruyante de l'apport des neiges des Montagnes Rocheuses.
A Saint-Laurent, l'église était une espèce de hangar de trente pieds de longueur pouvant contenir à peine soixante personnes. Quelques images saintes et quelques mousselines en constituaient l'ornementation. La construction était de troncs d'arbres le tout bousillé de glaise, blanchi à la chaux et couvert de foin.
Le Frère Piquet, o.m.i. arriva en 1879 pour aider le Père Fourmond. Il était originaire d'Arudy près de Lourdes, en France. Il avait souvent vu Massabielle, lieu des apparitions de la Sainte Vierge, et avait connu Bernadette qui était de quatre ans son aînée. Quand il vit la mission de Saint-Laurent et la source, il dit au Père Fourmond que l'endroit lui rappelait Lourdes. Cela impressionnat le Père. Depuis ce jour, les deux religieux priait la Vierge avec une ferveur renouvelée.
En 1881, une image de Marie fut placée sous une vitre dans l'écorce d'un arbre. Cette image fut ensuite remplacée par une statue repeinte par mademoiselle Onésime Dorval. Elle conduisait ses élèves au sanctuaire dire le chapelet. Bientôt les parents se joignirent à la classe de la bonne institutrice.
Le Frère Piquet rêvait de construire une grotte où Notre-Dame serait honorée, mais le Père Souiller, en visite canonique au Canada, ne fut pas d'accord disant que le temps des pèlerinages n'était pas arrivé pour l'Ouest Canadien. Mais la Vierge Marie voulait sa grotte.
Non loin de Saint-Laurent, vivait un des membres les plus influents de la Colonie, Mr. Charles Nolin, ancien ministre de la chambre manitobaine. Depuis plusieurs années, sa vie était attristée par la maladie de sa femme Rosalie (née Lepine) âgée de trente-six ans. Elle faisait de la tuberculose et tous les efforts des meilleurs médecins du pays ne purent réussir à enrayer le mal. Il n'était douteux pour personne que le dénouement était proche.
Un jour, le Frère Piquet passa à Charles Nolin un livre intitulé Les Merveilles de Lourdes par Henri Lasserre. Une lumière d'espérance s'allume soudain dans l'esprit de Nolin. Il reste persuadé que Notre-Dame de Lourdes veut la guérison de Rosalie. Tout de suite, il se procure de l'eau de Lourdes chez les Fidèles Compagnes de Jésus qui ont leur couvent à Saint-Laurent.
Le Frère Piquet qui s'intéressait beaucoup à la malade, lui conseilla de commencer une neuvaine et de promettre quelque chose, une statue par exemple. "J'en désire une depuis longtemps, mais je ne sais où me la procurer, je lui bâtirai une grotte" -- Achetez-la. dit Nolin, je la paierai. Quand à la neuvaine, montrez-nous comment la faire."
Le soir même de cette journée du 16 décembre la neuvaine commença avec le concours de voisins. Sur un petit autel improvisé que l'on avait entouré de toutes les images pieuses de la maison, on plaça, bien en évidence, la petite fiole d'eau de Lourdes. On chanta d'abord le cantique si aimé des chrétiens. "Nous vous invoquons tous". Puis, après le chapelet, le chant triomphant de Notre-Dame des Victoires suivi des litanies de la Sainte Vierge. Ces divers chants et prières furent chantés ou récités avec un accent de confiance et de ferveur tel qu'il semblait vraiment que la présence de Notre-Dame de Lourdes était comme sensible à tous les coeurs.
Ensuite, le plus jeune membre de la famille, "pur et beau comme un chérubin" promena l'eau miraculeuse sur les membres souffrants de la malade. Partout où passait la main de l'enfant, une sensation de brûlure se faisait sentir, bientôt suivie d'un bien-être soudain. La douleur disparaissant sans laisser la moindre trace.
Se voyant tout à coup en parfaite santé, Mme Nolin voulut, séance tenante se rendre à la Source pour offrir ses remerciements à Marie. Son mari, à cause de l'heure tardive, l'en dissouda. "Nous irons demain" répliqua-t-il. La neuvaine se continua en action de grâces jusqu'à Noël. À partir de cet heureux moment, Mme Nolin n'a plus ressenti le moindre malaise, plus de crachements de sang, plus de faiblesse de vue, elle a a souvent veillé pour coudre ou réparer les vêtements de sa chère famille jusqu'à minuit, sans la moindre gêne, dormant ensuite comme une bienheureuse, ce qu'elle n'avait pu faire depuis tant d'années.
Elle jouit ensuite de la santé la plus florissante; elle mourut le 22 mai 1927, à l'âge de 79 ans.
Pour le Père Fourmond et le Frère Piquet, cette guérison inattendue était une réponse de Marie pour calmer leur anxiété. Elle aurait donc sa statue, sa grotte, son pèlerinage.
M. Charles Nolin, débordant de reconnaissance envers la Sainte Vierge qui avait guéri Rosalie et l'avait protégé lui-même pendant les dangers de la guerre civile, s'empressa de remplir sa promesse et acheta à grand prix une belle statue de Notre-Dame de Lourdes. Elle fut placée temporairement dans la chapelle de la Mission le 1 novembre 1885.
Il y a moins d'un demi-siècle, on s'en souvient très bien à Saint Louis, Pantaléon Schmidt (fils du colon, Louis Schmidt) montait sur le premier banc dans la Grotte de Saint-Laurent pour diriger le cantique qu'il avait lui-même composé en l'honneur de la Sainte Vierge. Il ne manquait jamais le Pèlerinage du 16 juillet. Voici le cantique qu'il chantait avec âme.
Ave, Ave, Ave Maria
1. Dans la forêt vierge 7. Vierge immaculée
Ce site enchanteur Ô Reine des cieux
Choisi par la Vierge De grâce comblée
Plait au voyageur. Exauce nos Voeux.
2. Son aspect rappelle 8. Vierge de la Grotte
A tous en ce jour Célèbre en tous lieux
Le Ros Massabelle Quand l'enfer complote
Merveilleux séjour. Guide-nous aux Cieux.
3. Sur la rive ombreuse 9. Ô Vierge de Lourdes
Du fleuve au prompt cours Secours du pêcheurs
La floule nombreuse De ses chaines lourdes
Se presse en concours Dégage son coeur.
4. Vois, le flot immense 10. A l'âme affligée
De tes pèlerins Rends le doux espoir
Vierge en ta présence Sur terre exilée
Chantant leurs refrains. Elle aime à te voir.
5. Nos voix suppliantes 11. Ô Vierge, espéramce
S'unissant en choeur Du vrai pèlerin
Montent confiantes Guéris sa souffrance
Jusques à ton coeur. Et l'exauce enfin.
6. Ô Vierge puissante 12. Ô Vierge Marie
Avec quel entrain Conduis-nous un jour
Toute langue chante Tous en la patrie
Ce si doux refrain. Dans l'heureux séjour
Cette année même, le 16 juillet 1979, plusieurs milliers de pèlerins célébraient solennellement à la Grotte le Centième Anniversaire du pèlerinage de Saint-Laurent.
ref: L'histoire de St-Louis et de ses environs - , pages 24-25
No comments:
Post a Comment