LE FRERE ALEXIS, O.M.I. (blogue 129)
Le Frère Alexis ne crut pas pouvoir accepter ce retard. L'ordre qu'il avait reçu le pressait....Et puis la perspective de rester trop longtemps avec les deux familles métisses ne lui souriait point, à cause de l'orpheline, car il avait eu déjà à reprendre vertement Louis Lafrance pour sa conduite avec elle. "En chemin
dit Mgr. Grandin, l'Iroquois se conduisait mal avec l'orpheline. Le Fr. Alexis lui fit des observations. Le Frère déclara donc qu'il se rendrait à pied au Lac la Biche, par le chemin que lui est l'Iroquois connaissaient bien, à travers la forêt; ils avaient encore des vivres pour deux ou trois jours; il étaient bons chasseurs tous les deux, avaient des munitions de chasse et le gibier abondait dans la forêt. Ce chemin d'ailleurs abrégeait la distance. Il leur restait environ 100 milles (160 km) à parcourir, c'est-à-dire six ou sept jours de marche tout au plus. Il n'y avait pas grande imprudence à l'entreprendre.
Le voyant ainsi décidé à partir, quelqu'un lui proposa de prendre avec eux l'orpheline. "Le Frère refusa nettement, prévoyant que cette jeune personne serait d'un grand embarras" Du reste, l'un des métis prit son partie: "L'orpheline dit-il ne sera pas capable de faire la route à pied" Mais l'Iroquois tenait à l'avoir: "S'il le faut, répondit-il je la porterai sur mon dos" .
Les métis les virent s'éloigner, suivant encore la rivière qu'ils devaient remonter jusqu'au Fort abandonné des Maisons, avant de s'engager dans la Forêt. Eux reprirent la direction de MacMurray, inquiets de ce qui allait se passer.
Mgr. Faraud, arriva au Lac La Biche le 17 juillet, en compagnie du Père Rémas qui était allé au-devant de lui. Grande fut sa surprise de ne pas y voir le Fr. Alexis. Non seulement il n'était pas arrivé, mais personne n'ayant appris au Lac la Biche, qu'il dût y venir, ne s'était inquiété de lui. L'inquiétude pourtant était grande.
On commence des recherches. Le jeune Tremblay en remontant a cherché à découvrir ce qu'étaient devenus ceux qu'il avait laissés. Arrivé à l'enbauchure de la Rivière du Fort des Maisons, il a trouvé la couverte, le capot du Frère et son fusil jetés sur les branches. Les traces des voyageurs sont encore visibles sur le sable.
" Vingt-six jours se sont écoulés depuis que ses dernières traces ont été vues continue Mgr. Faraud, et ni le Frère ni personne n'a apparu jusqu'ici. Ils n'ont pas pu s'égarer: Le Frère et Louis connaissent le chemin. On a trouvé la couverte, le capot et le fusil du Frère jetés dans les branches..."
Le lendemain, deux hommes avec quatre chevaux et des provisions, envoyés par le P. Leduc supérieur de la Mission, revinrent le 10 août. Voici le rapport que l'un d'eux, Julien Cardinal, un des meilleurs et des plus fidèles amis des missionnaires, fit plus tard au Père Grouard. "Je partis à travers la forêt. Arrivé à la rivière des Maisons, je remarquai sur la côte, des traces de pas à moitié effacées; je suivis ces pistes et je découvris un petit monticule de sable que je me mis à fouiller. Je trouvai la tête du Frère! Je la tire par les cheveux, elle me vient seule dans la main! Elle portait la trace d'une balle. Ecartant le reste du sable, je découvre des os décharnés! Il n'y avait plus a douter: le Frère avait été tué et mangé par l'Iroquois!"
"J'estime, concluait Mgr. Grandin, que le Fr. Alexis est mort de la mort de Saint-Jean-Baptiste, martyr de la chasteté. Je conserve ses habits et sa hache comme des reliques." A sa première communion le petit Alexis dans l'église de son pays dédiée à Saint Jean Baptiste, avait demandé la grâce "d'être martyr comme Saint-Jean-Baptiste!" Sa prière était exaucée....
"Mgr. Grandin. premier évêque de l'Alberta a souvent cité ce que le Père Husson avait dit à plusieurs reprises :
"Des Castors (note: tribu indienne) ont dit ces dernières années, qu'il y a longtemps, un de leurs camps fut visité par un revenant. Un fantôme blanc rôdait le soir et la nuit autour de leurs tentes. Tout le monde avait peur. Des chiens avaient disparu. Nul n'osait sortir de sa loge dans l'obscurité. Un soir, un sauvage dont le chien avait été enlevé, chargea son fusil et se mit à l'affût. Il vit le fantôme, tira dessus et se blottit au fond de sa loge. Le lendemain , on trouva dans le bois le cadavre d'un homme frappé d'une balle; cet homme était enveloppé d'un lambeau de tente; les doigts d'un de ses pieds manquaient; il ne ressemblait pas aux autres sauvages; nul ne le connaissait. Par crainte d'être poursuivis ou inquiétés pour meurtre, ceux qui firent cette découverte gardèrent là-dessus un silence d'airain.
"Il advint que des voyageurs, parlant du vieux temps ainsi que des vieux voyageurs renommés dans le pays mentionnèrent la mystérieuse aventure du Fr. Alexis et del'Iroquois à qui il manquait des orteils. Les sauvages Castors eurent vent de ce rapport et de Pierre à Paul puis à Jean, l'affaire parvint jusqu'à ceux qui avaient découvert le fantôme blanc: un vrai homme en chair et en os, habillé d'un lambeau de tente et privé d'orteils".
Le Fr. Lambert est allé recueillir les restes du Frère Alexis qui est probablerment décédé le 20 juin. La cérémonie funèbre eut lieu le 8 septembre. Un service fut chanté dans la chapelle des Soeurs qui servait d'église et le petit cercueil fut ensuite déposé dans le cimetière de la Mission (Lac la Biche) . Plus tard les restes furent transportés au cimetière de St-Albert, AB.
Pour terminer les conclusions que tirait Mgr. Grandi, et qu'avec lui ont tirées tous les missionnaires:
"Après avoir continué à se mal conduire avec la pauvre orpheline, l'Iroquois l'aura tuée à son tour et puis mangée aussi. Il aura ensuite vécu misérablement de chasse et de rapine, jusqu'au soir où la balle du Castor le frappa mortellement."
ref: Père Aristide Philippot, omi
Je vais aussi ajouter l'histoire parue dans le livre de Plamondon, AB. qui sans donner de noms à personne, n'a absolument rien qui contredit l'histoire du Père Aristide Philippot. J'ai reconnu l'histoire et je la partage avec vous. La voici.(suite no. 3). TOUTES LES HYPOTHESES SONT BONNES.
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