LACOMBE, Albert (2 ) (137 FRANCAIS)
Cette histoire typique de ce temps
Maintenant voyons ce que le Père Lacombe nous a écrit.
Pendant que l'abbé Lacombe se dévoue par obéissance dans sa mission du lac Sainte-Anne, le courrier lui apporte un grand bonheur et une insigne faveur...Les circonstances l'exigeant, le supérieur général des Oblats l'autorise enfin à faire son noviciat à Sainte-Anne sous la direction du père Rémas...
Il s'agit maintenant d'aller chercher au Lac La Biche celui qui doit être le maître de noviciat. La distance est de 160 milles et l'on est en plein mois de février, une épaisse couche de neige recouvre la terre et le froid est intense. Il faut non seulement du courage, mais encore une résistance peu ordinaire pour oser entreprendre et mener à bien pareil voyage.
Le jeune prêtre à qui la raquette ne pèse guère au pied n'hésiste pas un instant. Il part accompagné d'un métis (Alexis) qui lui sert de guide; quatre chiens, attelés à un traineau portent les bagages et les provisions. La plaine fut sous les pas des coureurs.
Les éclats de voix du métis qui encourage ses têtes sont les seuls bruits qui retentissent dans ce silence particulier des solitudes enneigées et que répercutent, cinq jours durant, les échos glacés des bois et des monts. Que de poésie dans cette course sons trêve à travers la plaine infiniment blanche! Deux hommes chaussés de raquettes, l'un battant la voie pour les quatre chiens qui courent de front, l'autre, en arrière, stimulant leur courage.
La journée se passe sans que rien ne vienne en troubler la sereine monnotonie et la nuit arrive; il faut camper. On s'arrête donc, et l'attelage est dételé... Le missionnaire et son guide choisissent une clairière. Ils font un trou dans la neige et y jettent des branches d'épinettes qu'ils recouvrent d'une peau de bison; c'est le lit bien dur et bien froid sur lequel il vont reposer leurs membres brisés par le froid et la fatigue. Au pied de ce lit, un grand feu est allumé, il sert à préparer le repas du soir, c'est-à-dire du pimikkan et un peu de thé. Pendant ces préparatifs, les pauvres chiens harassés surveillent du coin de l'oeil les mouvements de leurs maîtres, de cet air qui veut dire: Et nous?.. Allez-vous nous oublier? Nous avons rempli notre tâche pourtant... Oui pauvres bêtes vous avez gagné votre pitance, et on va vous la donner.
Ces chiens de service ne mangent qu'une fois par jour, aussi soient-ils d'une avidité extraordinaire, on les sert toujours les premiers; ce n'est d'ailleurs pas long: un gros poisson gelé qu'ils ont vite englouti et c'est tout. BPeu après le repas, ils tournent deux ou trois fois sur eux-mêmes et se laissent choir sur des lambeaux de couvertures jetés là pour eux. Leur chenil est contigu au grabat de leurs maîtres et n'en diffère guère.
Les voyageurs mangent à leur tour et, le repas terminé, se roulent dans leurs couvertures et s'étendent sur les peaux de buffle pour y passer la nuit. Aussitot les chiens s'approchent furtivement et viennent se coucher sur leurs pieds. On se garde bien de les chasser, on les laisse faire au contraire, bêtes et gens se réchauffent ainsi réciproquement et chacun y trouve son compte. Au matin, les voyageurs se réveillent quelque peu engourdis. La températeure est de 45 à 60 degrés au dessous de zéro mais qu'importe! Ils se lèvent, prennent à la hâte un frugal déjeuner et se mettent en route comme la veille.
Cinq jours passent ainsi. La fatigue commence à se faire bien lourde. Nos voyageurs sont au bout de leurs peines. Un matin ils aperçoivent le lac Labiche, un dernier effort, et ils sont arrivés...
tiré du livre "Le Père Lacombe" p. 91-93
NOTE: ce livre fut imprimé en 1916 à partir de notes datant des années 1850 alors quand on écrit les "sauvages" c'était le mot de ceux qu'on nommait les indiens en 1916 et les gens des premières nations en l'an 2000. Quand le Père Lacombe parle de Sainte-Anne, il parlait du Lac Sainte-Anne ou encore lac Labiche, au lieu du Lac-la-Biche, pémikkan, pour pémican, etc
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