GROUARD, MGR. EMILE ( 4 français)
GROUARD, EMILE - fils d'André Grouard + Anna Ménard
- né 1840-02-02 Brûlon, Sarthe, Maine. FRANCE
- ordination sac. 1862-05-03 Boucherville, QC par Mgr. Alexandre Taché, o.m.i.
- sacré évêque 1891-08-01 St-Boniface, MB par Mgr. Alexandre Taché, o.m.i.
- décédé 1931-03-07 Grouard, AB
Trois jours après la parution de ce blog, j'ai reçu un courriel de Bernard qui suite
à cet article, les gens de Brûlon songe à établir un musée
en l'honneur de cet homme éminent.
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En 1860, quand Emile Grouard revoit son cousin Vital Grandin en France, c'est une surprise. Vital Grandin vient d'arriver du Canada pour son sacre comme évêque. S'il a choisi son pays natal pour la circonstance, recevoir les saintes onctions des mains de Mgr. de Mazenod, le fondateur de sa communauté des Oblats de Marie-Immaculée, c'est un peu dans l'espoir de recruter des vocations pour l'immense diocèse du Mackenzie dans l'extrême nord-ouest du Canada..
GROUARD, EMILE - fils d'André Grouard + Anna Ménard
- né 1840-02-02 Brûlon, Sarthe, Maine. FRANCE
- ordination sac. 1862-05-03 Boucherville, QC par Mgr. Alexandre Taché, o.m.i.
- sacré évêque 1891-08-01 St-Boniface, MB par Mgr. Alexandre Taché, o.m.i.
- décédé 1931-03-07 Grouard, AB
Trois jours après la parution de ce blog, j'ai reçu un courriel de Bernard qui suite
à cet article, les gens de Brûlon songe à établir un musée
en l'honneur de cet homme éminent.
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En 1860, quand Emile Grouard revoit son cousin Vital Grandin en France, c'est une surprise. Vital Grandin vient d'arriver du Canada pour son sacre comme évêque. S'il a choisi son pays natal pour la circonstance, recevoir les saintes onctions des mains de Mgr. de Mazenod, le fondateur de sa communauté des Oblats de Marie-Immaculée, c'est un peu dans l'espoir de recruter des vocations pour l'immense diocèse du Mackenzie dans l'extrême nord-ouest du Canada..
Vital, puisque nous devons l'appeler Mgr. Grandin, fait un rendez-vous avec Emile et des amis. Il parle de la grandeur du lac Athabaska, de l'immensité du Grand-Nord et surtout du manque de prêtres qu'il faut combler. C'est toute une tâche!. Emile montre des signes d'intérêt et le lac Athabaska semble le séduire plus particulièrement.
Quelques jours plus tard, Emile, étudiant au séminaire reçoit une troisième visite de son cousin.. Emile est le sixième enfant d'une famille très pauvre. Vital est au courant de tous ces faits. Aujourd'hui on parle d'affaires. Mgr. lui dit: "Si tu veux, reviens avec moi au Canada, tu prends tes deux années d'étude au grand séminaire de Québec, tu es ordonné prêtre dans deux ans, une autre année de noviciat chez les Oblats et durant ce temps tu commences ton travail de missionnaire. Emile est d'accord, pourtant c'est une grande décision pour un jeune de 20 ans qui est très conscient des énormes sacrifices à faire au Mackenzie. Il doit certainement avoir la vocation. Quelle vocation! A ses funérailles on l'a qualifié d'avoir été le plus grand missionnaire du Mackenzie!
Le 3 mai 1862, il est ordonné prêtre à Boucherville, QC par Mgr. Alexandre Taché, évêque de St-Boniface, MB. Le lendemain il dit sa première messe, et le soir il prend le train pour St-Boniface. Dans le train, il rencontre Emile Petitot, un Français comme lui qui vient tout juste d'ètre ordonné prêtre, et qui est de deux ans son ainé..Les deux Emile sont en route pour Fort Chipewyan. Emile Petitot a déjà accepté de donner les cours de noviciat à Emile Grouard. Ici on peut dire que les Emile sont tous deux des intelligences supérieures, on devrait dire des génies. Ils parleront tous deux 7 ou 8 langues, en plus de bien d'autres choses. On pourrait croire qu'ils sont en route pour la Sorbonne plutôt que pour le Mackenzie. Petitot est un homme brillant, surtout dans le domaine de l'exploration, tandis que Grouard est non seulement un intellectuel, mais aussi talentueux de bien des façons, Aujourd'hui on parle d'Emile Grouard, un autre jour, on parlera d'Emile Petitot.
Quand nos voyageurs arrivent à St-Boniface, ils sont prêts à continuer pour Fort Chipewyan, qu'on appelle Fort Chip. Rendu là, Emile commence à rencontrer les indiens Montagnais qu'avec leurs cousins on appelle les Dénés. Il l'est aime, il les aide, il ne veut pas les changer, seulement les faire grandir dans leur culture. Durant ce temps il termine ces cours du noviciat et prononce ses voeux perpétuels le 21 novembre 1863. Il n'a que des amis, en plus il adopte la culture indienne..
Il a une force de caractère pour accepter les contre-temps de ce coin de pays qui sont nombreux - la température, l'isolement, le manque de nourriture, les distances, différentes cultures, la sorcellerie, les épidémies annuelles de mouches noires, mais aussi le manque de communication comme la radio, le téléphone ou le télégraphe, le courrier...une lettre peut prendre 6 mois à se rendre et un an pour avoir une réponse. Emile s'en tire bien malgré tout.
En 1867, Emile Grouard est transféré au Fort Providence, et dans l'espace de quelques jours, il apprend que les Soeurs Grises vont venir à Fort Providence. Emile Grouard, un homme de compassion, dit "Je ne peut pas croire, qu'on a demandé pour avoir des religieuses à Providence...nous autres les hommes on peut se tirer d'affaire, quand on n'a plus rien à manger on se tue un lièvre, ou un musqué, mais ces femmes qu'est ce qu'elles vont faire ?"....(note: les filles de Marguerite d'Youville passeront plus de 130 ans au Mackenzie. - 1867-1999)
En 1874, Emile se rend en France et y demeura deux ans pour cause de santé... le problème vient de ses cordes vocales. Emile ne perd pas son temps, il s'occupe pour se trouver une presse afin de pouvoir imprimer des livres de cantiques en Cris et en Montagnais pour son monde. Une presse est acquise et maintenant il lui faut des alphabets indiens. Un voyage en Belgique lui permet de répondre à son désir : des lettres/signes sculptés et coulés dans le plomb. Il apprend aussi l'art indien, se procure de la peinture, des pinceaux et le reste. Emile écrit, lit beaucoup, fait des contacts avec des parents, etc. tout en pensant à son pays d'adoption. Il est fier de sa presse, qui existe encore en 2015. Elle fut au musée de St-Albert (près d'Edmonton) et est probablement au musée du Lac-La-Biche maintenant. Ce fut la première presse en Alberta et elle semble avoir bien résisté aux contretemps de près d'un siècle et demi. Des livres il en a imprimé beaucoup, En 1987, j'en ai vu une pile qui restait et le père Gilles Mousseau de Fort Smith, m'en a donné deux exemplaires un en Cris et le deuxième en Montagnais. En reste-il encore? C'est à se demander, Le Père Mousseau est décédé depuis 20 ans, les archives ont déménagé de Fort Smith à Yellowknife, TNO et les Oblats ne sont plus dans le Grand-Nord. Maintenant les jeunes Oblats se dirigent vers l'Afrique tout en démontrant leur mission d'apôtres "missionnaires".
Le père Grouard a été dans bien des missions, et partout, il occupait son temps à faire de bonnes choses comme peindre des scènes religieuses sur des peaux d'orignal. La première peinture qu'il réussit est pour la mission de Fort Chipewyan, la deuxième pour le Fort Dunvegan, et la troisième pour Grouard. Mes parents on vu les deux dernières qui ont brûlé dans leurs églises parrait-il (?). Père Grouard a aussi fait plusieurs articles de peinture pour ses missions, écoles, et musée etc.
De 1876 a 1883, il est au Lac-la-Biche. De 1883-1885 il évangélise les Castors et les métis iroquois de Grande Prairie, AB. Le Père Grouard s'est aussi assuré que chaque mission ait son bateau qui opère avec des moteurs à vapeur au lieu de la force des bras. Emile a vu l'importance de ce besoin réel qui est devenu un progrès majeur pour le Nord.. Monseigneur Grouard, vous étiez un innovateur.
Le 18 octobre 1890, il est nommé évêque d'Ibora et vicaire apostolique d'Athabaska-Mackenzie. Il fut sacré à St-Boniface le 1er août 1891. Dix ans plus tard, le diocèse est divisé en deux, et Mgr. Grouard a la charge de la partie Est, soit Athabaska. En 1902, il déménage à Lesser Slave Lake et y demeura jusqu'à la fin de ses jours. En 1909, le gouvernement provincial demande qu'on change le nom de Lesser Slave Lake. La communauté décide qu'on choisise par vote entre un nom indien, dont je ne me souviens pas, un nom anglais (Buffalo Bay) ou un nom français (Grouard). Parmis les 2,000 résidents qui avaient droit de vote,ceux qui ont voté ont choisi par une très grande majorité le nom de Grouard, à cause de la popularité de son évêque..
En 1918-1919, Grouard est durement éprouvé par la grippe espagnole. Malgrè ses 78-79 ans, et le manque de prêtres, Mgr. Grouard est à la tâche. Chaque jour, il va visiter certaines familles pour apporter de la nourriture à ceux qui ont faim, consoler ceux dans la peine, administrer les agonisants. Presque tous les matins il y a des funérailles, et pour le surplus, on plaçait les corps dans une remise préparée par la mission en attendant que l'épidémie modère.. M. Honoré Maisonneuve, a vu cette remise qu'il l'avait marqué (il n'avait que 11 ans).
Finissons sur une belle note, après tout Mgr Grouard aimait rire et rire avec les gens. Un jour il est au Wabasca pour voir les soeurs de la Providence nouvellement arrivées. La soeur supérieure vient lui dire que les soeurs ne peuvent ni laver, ni brosser leurs dents avant d'aller à la communion parce que l'eau dans la maison est de la glace...Monseigneur la regarde et dit : " j'ai le mème problème. Je n'ai pas changé. de chemise depuis la Toussaint." On est au mois de mars, les deux se sont mis à rire et la supérieure a compris.
Un jour il entend dire qu'une femme doit amputer la jambe de son fils trappeur qui était accidentellement tombé dans une trappe à ours! Le policier s'y rend avec sa femme (infirmière) et Mgr.Grouard va voir s'il peut aider. Quand le fils reprit ses sens, le Sergent lui dit. "Ne t'inquiète pas de tes animaux, je m'en occupe". et l'homme remercie le sergent. Mgr. dit "je vais te faire une jambe de bois, et l'homme est encore plus heureux". Sur ce, on retourne chez-soi. On ne parlait pas beaucoup... c'était toute une scène qu'ils avaient vue...mais avant de se quitter, Mgr. dit au sergent "c'était bien généreux de ta part de vouloir prendre soin de ses animaux", Le sergent répond "dans notre code d'éthique, au chapitre 37 section C, un sergent devrait toujours aider en tout temps. Mais vous Mgr. allez-vous vraiment lui bâtir une jambe de bois.?" Mgr. répond "oui", c'est écrit dans l'évangile de St-Mathieu, chapitre 25, verset 40, et ils se quittent.
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Après souper, le sergent part pour avoir soin des animaux.. Quand toute la vaisselle est replacée, l'épouse prend le livre du sergent et le consulte, il n'y a pas de chapitre 37 encore moins de section C. elle sourit et replace le livre sur sa tablettte, Maintenant elle veux consulter la Bible, et elle trouve dans St-Mathieu, un chapitre 25, verset 40, et lit , "Tout ce que vous ferez aux plus petits des miens, c'est à moi que vous le faites".
Un jour le Père Calais qui n'était pas un bavard, racontait l'histoire à un groupe intéressé. Quelqu'un demande, "Mgr. a-t-il vraiment bâti une jambe de bois?" Le père Calais répond "Oui et l'homme en question s'en est bien servi. Même, un jour il a ôté cette jambe, pour frapper le sergent...la raison ?... le sergent ne voulait pas être payé pour avoir eu soin de ses animaux, Ils se sont mis à rire, ont décidé que chacun aurait une part de la vache. Je vais la soigner et l'héberger dit le propriétaire, et si tu veux venir la traire, on aura chacun la moitié du lait.
NOTE: Quand j'ai relu cet article j'apprends que le Pape François suggère que les Chrétiens et les Musulmans doivent se parler, ce serait très préférable que de s'envoyer des balles....
mcb
En 1925, un officer français venait au nom de son pays reconnaissant apporter au vénérable patriarche la Croix de la Légion d'honneur avec l'officielle et éloquente citation suivante:.
"Venu au Canada en 1860, où il a toujours résidé depuis, il a fait connaître et aimer le nom de la France en Alberta et jusqu'au extrêmitées du Nord. Une foule de noms géographiques sont français, grâce à lui, prêtre zélé, missionnaire infatigable, navigateur, géographe, explorateur, bâtisseur de villes, architecte, peintre, écrivain, compositeur, agriculteur, il est le pionnier le plus intrépide du Grand-Nord".
"Il a recueilli les orphelins et les orphelines dans les institutions fondées par lui. Il a sauvé la vie de Mgr. Clut en une circonstance mémorable. Il a protégé au péril de sa vie, des femmes indiennes exposées aux brutalités de leurs maris, il a soigné les malades et consolé les agonisants, il a publié des livres sur la religion en huit langues étrangères". (Rutché + Forget -- Histoire du Canada)
NOTE: En 1937, le village de Brûlon (Sarthe) France reçoit du Canada, un magnifique crucifix pour être érigé dans l'église natale d' Emile en témoignage d'appréciation des Canadiens.
J'aimerais tout simplement ajouter que Mgr. Grouard au printemps de 1918 ? est allé demeurer une semaine chez mes grands-parents...à cause d'une grosse innondation près de Kinuso, AB. Le train s'est arrêté à Kinuso, et la route était impassable causé par l'innondation. Monseigneur Grouard en profitait pour visiter les résidents indiens et métisses de Kinuso. Il partait le matin et revenait le soir. Ma mère nous avait dit "on l'aimait bien"
J'aimerais tout simplement ajouter que Mgr. Grouard au printemps de 1918 ? est allé demeurer une semaine chez mes grands-parents...à cause d'une grosse innondation près de Kinuso, AB. Le train s'est arrêté à Kinuso, et la route était impassable causé par l'innondation. Monseigneur Grouard en profitait pour visiter les résidents indiens et métisses de Kinuso. Il partait le matin et revenait le soir. Ma mère nous avait dit "on l'aimait bien"
La première des peintures de Mgr. Grouard, faite sur une peau d'orignal.
Elle fut donnée à la mission de La Nativité de Fort Chipewyan vers 1878.
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